lundi 29 février 2016

PNE

On attend la liste des textes finalistes......

On est le 29, alors on attend....

C'est aujourd'hui qu'on va les connaître....

Alors on attend.....

Jusqu'à minuit, ils ne sont pas en retard....

Alors on attend.....

On peut déjà annoncer qu'il y en aura 29 de déçus et qu'au moins 25 auront espéré pour rien...

Une chtite photo pour patienter ?


Son petit doigt me dit qu'elle va vous plaire... Je l'ai jouée super-soft... La seule photo de la série qui était montrable sur un blog ''très comme il faut'' comme le mien... Les autres, c'était un peu comme si la caméra était dans le spéculoos - ah non ça c'est un biscuit - remarquez, on dit bien ''tremper son biscuit'' - ... dans le spéculum donc. Non, pas le nasal. Si ça existe. Non, je ne donne pas l'adresse... Il ne sera pas dit que j'aurais facilité votre voyeurisme... nan... cherchez... ou alors il faudra me passer sur le corps... Bon, on attend...

Voilà, voilà.... on attend.... Sinon, qu'est-ce qui pousse une très jolie femme à exhiber sa quasi endoscopie pour voyeurs, ça... je n'ai jamais compris...Ma foi... Rien d'autre à offrir, peut-être... chai pas... 


Les textes nommés sont :

-26 ELLE SERA AIMÉE
- 27 NOIR D'ANCRE
- 39 À TOI... SANS TOI
- 41 L'OMBRE DE L'IMMACULÉE CONCEPTION
- 47 AUTRE TOI
- 48 TROIS, LE NOMBRE PARFAIT
- 49 VÉNUS AU PARKING
- 55 ESQUISSE D'UN ÉTÉ PARTAGÉ
- 61 LA LETTRE DANS LE LIVRE BLEU
- 67 ESPÉRANCE ET FERMETÉ
- 74 LA PART D'OMBRE
- 82 BORDERLINE
- 104 LILY CAPITAINE
- 105 LE TYPHON DE CONRAD
- 106 JAMAIS SANS TOI, NI LUI
- 112 CHAMBRE DOUZE
- 116 VÉNUS CHEVAUCHANT JUPITER
- 121 UNE GOUTTE D'ABSOLU
- 140 LE VOYEUR
- 141 LA ULTIMA
- 155 IL FALLAIT JETER L'ENCRE
- 156 LA LÉGENDE DE LA NONNE
- 160 LA NUIT ÉROTIQUE
- 172 VOYEZ OÙ LES DIEUX NOUS MÈNENT
- 173 DÉRIVE SALUTAIRE
- 174 JOHANNE
- 176 QUI CROYAIT PRENDRE
- 182 OUVRIR LES YEUX
- 183 LE LAROUSSE
- 186 VA-ET-VIENT
- 192 JAMAIS SANS LUI
- 224 VIEILLE CAME DE MINUIT
- 229 KUNDALINI
- 231 AURORE
- 249 BLANCHE
- 253 DANS LA LUEUR DES PHARES
- 260 LES AILES DES ANGES
- 261 LA PROMESSE AU MARIN
- 263 À CORPS BRISÉS
- 273 PARLER DES NUITS
- 299 TRAITEMENT
- 301 CE GOÛT SUCRÉ DE SOLEIL ÉCLATÉ
- 311 À L'ENCRE NOIRE D'UNE NUIT BLANCHE
- 313 LA DOUBLE CONTRAINTE D'ÉTUPAL
- 322 MARTINI ET MIRABELLE

samedi 27 février 2016

ALLEZ-Y




 THE REVENANT
d'Alejandro Gonzalez Iñarritu



j'en sors.
Au générique de fin, des gens ont applaudi. 
C’est un Western qui ne disait pas son nom. Il en a tous les codes ; l’époque, les paysages vierges, la faune, les indiens, les silences, les regards, la lenteur, les choix essentiels, la mémoire, la vengeance.

Si vous n’aimez pas Alejandro Gonzalez Iñarritu, allez-y quand même
Si vous n’aimez pas Di Caprio, allez-y quand même
Si vous n’aimez pas le Western, allez-y quand même
Si vous ne m’aimez pas, moi, qui vous conseille d’y aller, allez-y quand même
C’est beau, intense, sauvage comme la nature grandiose.
Si vous êtes un réaliste qui ne peut empêcher son pragmatisme de galoper vers l’incrédulité de cette ‘’opération survie’’ à la vitesse d’un cheval Pawnee, allez-y quand même, gros malin.

Bien sûr que dans la vraie vie, le poids de cette peau d’ours l’aurait fait couler illico dans l’eau glacée, bien sûr qu’au petit matin il n’aurait été qu’un bloc congelé, bien sûr que ces horribles blessures se seraient infectées en quelques jours. Mais, malgré tout, et même…

Si le ciel est bleu et que le soleil brille, allez quand même vous enfermer en salle obscure
Si vous n’aimez pas le cinéma, surtout si vous ne l’aimez pas, allez-y
Si vous êtes claustrophobe et que les salles obscures et surchauffées vous paniquent, allez-y. 
Parfois, il est nécessaire de produire un effort. 
Ce n’est pas ce film qui vous convaincra du contraire.
Une dernière chose : la vengeance n'appartient qu'à Dieu.

vendredi 26 février 2016

INFOS à prendre ou à laisser




- Bon, faut-il vraiment vous entretenir de la non-affaire de la fresque de l’école Prosper-Mérimée qui ‘’agite’’ la ville depuis six mois ? Après moult péripéties à peu près toutes aussi ridicules les unes que les autres – le président Hollande a même reçu sa lettre ! – une spécialiste en Art naïf droit venue des Beaux-Arts a été recrutée pour tenter de restituer à l’identique ce qu’un esprit puéril avait pondu en 2006 soit la scénette de toreo devenue le symbole de la bêtise et de la censure. Tout ça parce qu’un responsable de l’Educ-Nat sans courage – pour rester poli - qui n’avait pas compris qu’on était à Nîmes, s’était empressé de la faire effacer sur plainte zoolâtre subite. 


- Une policière Colombienne sauve un bébé retrouvé affamé et frigorifié dans un fossé en lui donnant le sein. Je sais, c’est pas taurin mais bien plus beau et bien moins con que l’histoire de la fresque, non ?


- José Tomas – un type dont vous devez avoir entendu parler – torée le 7 Mai à Jerez De La Frontera, parait-il la feria la plus hospitalière qui soit.  

lundi 22 février 2016

EROTISME : La Définition

Hello, amis noircisseurs de papier et salopeurs de draps, vous qui attendez, pariant à cinq contre un, fébriles, l'érection de votre ego, d'être finalistes du PNE, voici un petit rappel officiel de ce qu'est l'érotisme que vous deviez illustrer : 

"Erotisme" qu'on vous avait dit... 

Alors ? Z'êtes dans les clous ? Vous avez suggéré ? Suscité ? Représenté ? Evoqué ? Fantasmé élégamment la naissance du désir ? Ou vous avez décidé arbitrairement de participer au PNP (Prix de la Nouvelle Pornographique...) mmm ?

Qu'avez-vous écrit ? Avez-vous donné dans de la "grosse bite pistonnant allégrement le con" de la dame, ou avez-vous évoqué le doux voyage soyeux mais opiniâtre de la tige de jade aidant la fleur de lotus à s'épanouir ? Hein ?

Bande de crados, va...

Normalement, noircisseur compulsif, éjaculateur d'ancre nocturne (ancre, mot obligé) selon la définition ci-dessus, si tu as utilisé un seul de ces mots : 

Bite, Couille, Con, Cul, Foutre, tu es .................   é-li-mi-né !  

N'espère aucune bonne nouvelle pour le 29 !

Bon ... maintenant... avec le Diable qui aime tant le trash (on se souvient de la "resucée de queue merdifiée" d'une auteure - les femmes sont les plus dégueus c'est bien connu - du PH, soit la seule fois où j'avais emmené à une lecture les chastes oreilles de ma petite Louise dont j'avais prestement obturé les conduits auditifs...) ce n'est pas sûr que mon raisonnement soit le bon... 
Allez, gardez espoir jusqu'au 29, va. L'érotisme, c'est comme la cuisine : le même plat n'a pas la même saveur pour tout le monde. Bonne bourre.

vendredi 19 février 2016

INFOS à prendre ou à laisser


1) Le journal annonce un possible retour de César Rincon en mai à Nîmes

2) Le même journal quelques pages plus loin indique la naissance d'un nouveau club taurin Saint-Gillois qui se donne pour but << d'amener les jeunes à la tauromachie, et qui est soutenu par ''des personnalités du mundillo''>> 
Son nom ? La Taquilla !!! Au moins c'est clair !!! 

mercredi 17 février 2016

Soins à Domicile VII : Tea Time



De nous deux, je crois que c’est moi qui bouge le plus. Je mime tout ce que je lui demande puisqu’il ne parle pas français. La séance de récupération d’un AVC pas méchant, a lieu chez lui dans le salon marocain. Au mur, des cadres dorés clinquants abritent la parole divine. Les canapés qui ceinturent la pièce sont plutôt ''haut de gamme’’ avec leurs larges accoudoirs capitonnés et cabochons de verre incrustés. Ils sont recouverts d’un sur-matelas de velours bleu tandis qu’au plafond, le lustre rococo mais pas riquiqui, passe par une triple pression de l’interrupteur, du bleu, au vert, au rouge, avant d’arborer le blanc standard qui permet enfin d’éclairer la pièce.

Car monsieur A donne dans le gadget luxueux pour illustrer sa réussite sociale supérieure à la moyenne de sa communauté. Je croise parfois ses fils qui sont gentils et polis, s’expriment bien, avec une allure distinguée. Sa femme sent bon, ourle ses yeux de Khôl et a trente ans de moins que lui. Ce n’est pas moi que ça choquerait. Des ouvriers français ré-agencent à neuf la cuisine arabe. Elle me fait visiter. Je dis que c’est beau. Elle est contente. Tu boiras le thé ? Je boirai, bien sûr.

J’ai baptisé ''culbuto'' le premier exercice qui fait rouler la plante du pied de la pointe des orteils aux talons, sans jamais perdre l’équilibre. Dos au canapé et moi devant quand même au cas où ça foirerait. Depuis quelques jours, lors de cet exercice, monsieur A prend de l’assurance, jette brusquement ses bras de côté ou en l’air, s’étire le dos dans un cri libérateur ou tente carrément un moulinet de bras quasi subversif, histoire de montrer que, question activité d’allobroge spontanée, malgré son âge, il en garde encore sous la pédale. Je m’efforce de prendre un air légèrement admiratif en tant que mâle avisé, devant l’audace gymnique.

Au bout d’un quart d’heure, son coach perso anti-people remboursé par la sécu lui indique qu’on va terminer par dix relevés de pouf bas, sans l’aide des mains. Après de nombreux faux départs calamiteux en quête de verticalité version  fusée Ariane, tête vers le plafond, je réussis à lui faire admettre le départ en tir de missile raté, plongeant et près du bord… Oualàààà, tête vers les genoux pour décoller les fesses avant de songer à se redresser.

Je renoue mon écharpe tandis que monsieur A zèle de diverses fentes avant ou latérales que ne renierait pas un manieur de fleuret, inutiles et dangereuses, censées peut-être démontrer à sa jeune femme qui s’avance avec le plateau en argent, que je ne suis pas vraiment parvenu à l’épuiser mais juste à l’échauffer. 

Elle m’invite à m’asseoir, me roule de grands yeux noirs hospitaliers, fière de me recevoir, oxygène le thé d’un verre à l’autre avant de le reverser dans la théière. Elle me tend une petite assiette remplie de chocolats, noix, cacahuètes, noix de cajou, pistaches. Plus elle m’est dévouée, plus le visage de monsieur A se renferme. Le verre à la main dont elle règle l’inclinaison reçoit enfin le filet brûlant d’une hauteur impressionnante dans un glougloutement de cascade secrète qui m’évoque des images et sensations vécues là-bas, avec Amine, dans les dunes fauves des grands ergs. Tout sourire, elle me sert avant monsieur A, qui se rembrunit un peu plus. Elle, parle le français, me parle beaucoup, me pose des questions et semble aussi honorée de ma présence, que je le suis de l’offrande de son thé. Elle me dit que son dos étant douloureux, il est possible qu’un jour elle vienne se faire masser. Monsieur A serre les mâchoires. Je lui souhaite de n’avoir jamais besoin de moi mais que si par malchance, un jour… elle pouvait compter sur moi, je la soignerais avec plaisir. Monsieur A plisse le regard. Elle me remercie puis s’efface, regagnant sa cuisine rénovée, nous laissant entre hommes.

Le petit problème c'est que monsieur A et moi, nous n’avons rien à nous dire. Je ne parle pas l’arabe, il ne parle pas le français. Nous devons pourtant, à cause du thé qui brûle, passer de longues minutes ensemble… D’un geste précis, il vient piquer une cacahuète, une seule, à la surface du monticule des mignardises. Je l’imite avec trois doigts plongeants qui provoquent une avalanche de noix et autres graines sur la nappe. Il semble en rire, intérieurement, et recommence de sa main leste à piquer une autre cacahuète, comme pour me montrer sa maîtrise, juste et précis comme un oiseau de mer pique un anchois au milieu d’un banc. Puis il rejette légèrement la tête en arrière, hiératique, inspiré, réfléchi.

Je tente une prise de verre à thé qui me brûle cruellement les doigts. Là c’est sûr, il a souri. 
 

Parfois on se regarde. Ou pas. C’est un peu comme si on réfléchissait ensemble à un problème différent… Parfois c’est d’un drôle d’air, sans que j’arrive à savoir s’il pense :

<< Alors, elle te plait ma femme ? >>  Ou bien : << C’est vrai qu’ils me font du bien tes exercices…>> Alors je le regarde aussi sans savoir si je lui réponds : << Tu parles si je m’en fous de ta femme… ! >> Ou bien encore : << Alors, content de tes progrès… ? >>


Et les minutes s’égrènent ainsi à attendre que passe le temps pour que tiédisse le thé, conscient que madame L, la prochaine patiente de ma tournée doit me maudire car je vais me retrouver en même temps que l’infirmière pour entreprendre sa mère grabataire. Mais parfois, l’imprévu a du bon, son thé est délicieux, il me réchauffe des rafales de mistral qui me glacent depuis ce matin et ces cacahuètes bienvenues annulent le creux de onze heures. La première gorgée de thé déglutie était une vraie boule de feu qui m’indiquait avec une précision décapante le trajet qu’elle empruntait. J’avais l’impression qu’un petit soldat armé d’un lance-flammes descendait en moi.

Elle n’aura qu’à m’offrir un café, tiens, madame L ! Je laisse toujours la priorité aux infirmières croisées.

mardi 9 février 2016

Les Délices de Tokyo de Naomi Kawase



Il y a haricot rouge et haricot rouge. Il ne faut pas confondre, même si les deux sont des Phaseolus Vulgaris. Ça se respecte un haricot rouge. On ne l’achète pas en conditionnement industriel dans le sirop des adjuvantes merdes anti-quelque chose qui le privent de sa texture et de son goût (tant qu’on peut encore mettre des accents circonflexes il faut en profiter…) mais c’est sûr, ça a un coût (Pôm pôm pidôô…).


Dans la vie, il faut savoir ce qu’on veut : respecter le haricot rouge, se respecter soi-même, régaler les gens avec des Dorayakis d’anthologie et gagner sa vie honnêtement, ou produire facilement du bas de gamme. En fait cela dépend de votre complexion d’esprit. Cédez-vous  à la facilité en toute joie ou aimez-vous le travail bien fait même s’il vous en coûte en temps et efforts ? Mac Do ou trois étoiles Michelin ? Domecq essoufflé d’imposture triomphante ou tio meurtrier de respect, à réduire ? Gagner du temps ou de l’argent ? Etre fier de son travail ou s’accommoder de sa médiocrité ?


Alors bien sûr, la qualité, c’est beaucoup plus contraignant. C’est la veille qu’il faut mettre à tremper les haricots dans l’eau pure et, à l’aube, qu’avec égards, on doit les présenter au sucre puis respectueusement, en les convainquant, leur proposer de confire à basse température dans toute la progressivité d’un temps long. Dans le cuivre d’un chaudron. Les touillant parfois, sans jamais les écraser, avec une spatule en bois, puis les couvrir comme on protègerait son enfant du froid, respectant le secret qui les lustre de ce rougeoiement nacré et fondant. Il n’y a pas d’autre solution. C’est le respect du produit, c’est l’amour du travail bien fait, c’est l’amour respectueux de la nature, c’est peut-être, tout bonnement, l’Amour, tout court. Au final, par le seul fait du temps qui s’écoule et la somme de ces détails, se bonifient les choses, maturité et sentiments humains compris.


Rien à voir avec le Chili con Carne que vous assène votre belle-sœur le dimanche au prétexte qu’elle appartint aux jeunesses communistes à vingt ans où elle lut trois poèmes de Pablo Neruda…


C’est tout cela qu’amène Tokue (Kirin Kiki au civil ! ) avec sa recette de garniture de Dorayakis, à Sentaro, taiseux gérant d’un kiosque de rue. Et bien plus encore, par sa présence douce et mutine, son insistance gentille et obstinée, comme celle d’une maman envers son petit. Curieuse, cette volonté de travailler quand on a largement passé l’âge légal de la retraite. Et de son dévouement laborieux à déprimer un syndicaliste CGT, que dire ? Cela cache-t-il un secret ? 


Et puis il y a cette jeune fille timide et désorientée qui trouve peut-être dans l’odeur de la pâte ‘’An’’ de Sentaro la sécurité qu’elle n’a pas ailleurs. Trois générations, trois personnages qui se trouvent pour échapper au confinement de leur isolement et qui vont s’aimer parce que quelque chose les unit. Mais quoi ? Vous écrierez-vous en chœur, toujours sagaces, même si ça m’agace. Vous le découvrirez en déportant vos postérieurs sous la voûte des cerisiers en fleurs pour jouir de la nostalgie profonde de ce conte poétique qui, s’il est aussi mal éclairé qu’un restaurant vietnamien, n’en illumine pas moins la délicatesse de subtils sentiments humains.

lundi 8 février 2016

Bonne Saint-Valentin !



Le hasard du surf m'a fait tomber sur cette touchante "Lettre ouverte à mon ex-femme" que tout le monde n'a pas la possibilité d'exprimer pour différentes raisons - inintelligentes pour la plupart - comme la rancune, la tristesse, la déception, le manque de lucidité, d'humour, ou... d'autres, que vous trouverez vous-même, n'est-ce pas... 
Elle est touchante car si elle prend acte de la réalité de la séparation elle sonne néanmoins comme une ultime déclaration d'amour... 
Michael en une page répond aussi accessoirement à cette question : Qu'est-ce qu'un bon texte ? Certainement un texte qu'on n'a pas voulu "bon" mais qui est profondément ressenti où les larmes le disputent aux sourires.
Quelle corrida, la vie. 

Lu sur le Huffingtonpost par Michael Cheshire 



Voilà. Vingt ans de mariage viennent de s'achever dans la salle d'audience 2-D.

A vrai dire, c'était surréaliste. Quand nous avons décidé de nous séparer, il y a quelques mois, j'avais l'impression que c'était la fin du monde. J'avais peur de ce que la vie allait être sans toi. Mais aujourd'hui, dans le tribunal, ça me semble beaucoup moins terrible. Il y a un proverbe allemand qui dit à peu près : « La peur rend le loup plus grand qu'il n'est. » Et vivre sans toi me terrifiait vraiment, parce que tu fais partie de mon existence depuis si longtemps. Plus longtemps que n'importe qui d'autre, d'ailleurs. C'est ta voix que j'entends quand je me pose une question. Tu m'as tellement apporté au cours de ces vingt années que j'ai décidé de te dire les choses en ce premier jour de notre nouvelle relation. Je sais que c'est bizarre de te les écrire aujourd'hui, mais la vie continue et ce serait dommage de ne pas t'avouer ce que j'ai sur le cœur. Permets-moi donc de partager quelques-unes de mes pensées et de mes impressions actuelles avec toi...


• On devrait te décerner un prix pour les vingt ans que tu as endurés avec un type comme moi. On sait tous les deux que je ne suis pas facile à aimer. Je suis hyper ambitieux, je dors peu, je ne prends rien au sérieux et tu pouvais toujours être sûre que j'allais faire des conneries. J'ai pris plus de risques que nécessaire quand nous étions ensemble. C'est le problème d'être mariée à quelqu'un qui cherche à réaliser ses rêves. On se retrouve entraîné dans des péripéties dont on se serait bien passé. Je me suis rendu compte bien trop tard que certains de mes rêves relevaient plus du cauchemar pour toi. J'ai toujours été poussé par mes passions. Et je cherche constamment à découvrir de nouveaux horizons et à me lancer dans des projets audacieux. Ma vie est comme une pièce remplie de dynamite, dans laquelle je passe beaucoup trop de temps à jouer avec les allumettes. Mais revenons à toi... Ta tranquillité légendaire et ton élégance m'ont aidé plus d'une fois à mettre de l'eau dans mon vin, et tu as toujours été à mes côtés. C'est seulement maintenant que je me rends compte de ce que mes proches ont dû supporter, malgré nos réels succès. J'en suis sincèrement désolé.


• D'un point de vue statistique, nous avons pris la bonne décision. Nous savons toi et moi que 50% des mariages se terminent par un divorce... mais que les autres sont interrompus par la MORT ! On l'a vraiment échappée belle :-)


• Tu es une mère EXTRAORDINAIRE. La tendresse et l'amour que tu as donné à nos enfants est, peut-être, ce que tu as fait de mieux. Tu ne saurais jamais à quel point j'ai suivi ton exemple quand nous les élevions. Ton amour les nourrit.


• Je te souhaite d'être heureuse. Tu le mérites. Etre mariée et aussi « au service d'autrui » est souvent un cauchemar. On a parfois du mal à concilier la vision de son propre mariage avec celle d'un mariage idéal. En toute honnêteté, je suis content que tu n'aies plus à t'en soucier. Je sais que c'est ce que j'ai à faire. Mais tu mérites une existence beaucoup plus paisible et ça me fait plaisir que tu puisses y prétendre.


• Que les choses soient claires : si c'était à recommencer, je te prendrai à nouveau pour épouse... même si ça devait à nouveau finir ainsi. Bien sûr, nous avons eu trois merveilleux enfants. Mais même sans Chloë, Titus ou Silas, c'est toi que j'aurais choisie. Si j'ai fait des progrès dans la vie, c'est grâce à toi. Je n'arrive pas à concevoir la vie sans pouvoir la partager ne serait-ce qu'un peu avec toi.


• Il faut que tu arrêtes d'aller sur Doctissimo. Les maux de tête sont rarement le signe d'une tumeur au cerveau. J'insiste vraiment là-dessus. C'est SUPER rare ! Tu peux être têtue et ronchon. Les gens comme toi vivent plus longtemps que tous les autres. Laisse la mort te surprendre quand elle surviendra. Tâche de profiter de toutes les années que tu as encore devant toi.


• Tu ne peux pas m'empêcher de t'aimer. Je te jure que j'ai essayé de te haïr pendant un moment mais ça n'a pas marché. Tu es quelqu'un de trop bien. Ce qui m'a le plus surpris dans notre désespoir, c'est la facilité avec laquelle nous sommes redevenus amis. C'est comme ça que tout avait commencé. Et je suis vraiment content que ça se termine de la même manière. En bons amis. J'aime parler avec toi de nos enfants, de nos vies, de nos projets, des films et des disques qui nous ont plu, et du décès de telle ou telle célébrité. Ca me semble tout à fait normal.


• Je serai toujours là pour t'aider dès que tu en auras besoin. Je suis ravi que tu reprennes tes études et que tu explores de nouvelles possibilités pour ton parcours personnel. Je serai toujours là pour t'aider... parce que je suis fan de toi. Et je le serai toujours.


• Si j'ai appris une seule chose de ce divorce, c'est que j'aurais vraiment fait plus d'abdos si j'avais su que notre mariage se terminerait au bout de vingt ans. Ca va être intéressant de rencontrer d'autres personnes, mais mon copain m'a inscrit sur un site qui s'appelle Grindr, et je pense que j'aurai bientôt plein de rendez-vous.


• Je ne suis pas débile. Je sais qu'une femme comme toi ne va pas rester seule très longtemps. C'est vraiment trop facile de t'aimer. Sache que je serai fan de celui dont tu tomberas amoureuse. Bien entendu, je ne manquerai pas de lui raconter des choses gênantes sur ton compte dès que j'en aurai l'occasion. Mais tu pouvais t'y attendre : je suis parfois un peu crétin !

C'est à peu près tout ce que je tenais à te dire. J'ai beaucoup pensé à cette journée ces derniers temps. Et je ne voulais pas que l'on se quitte fâchés. C'est sans doute un peu bête de vouloir « bien » divorcer. 
Mais je repense sans cesse à ce vieux film, Le Lion en hiver. Quand Richard et Geoffrey, dans le donjon, pensent entendre leur père, Henry II, qui vient les assassiner.

Richard dit : « Il est ici. Il n'aura pas satisfaction de moi. Il ne me verra pas mendier ! »

Geoffrey répond : « Chevaleresque idiot. Comme si la façon de tomber importait ! »

Richard conclut : « Quand il ne reste plus que la chute, c'est tout ce qui importe. »

J'ai eu l'honneur de t'avoir pour épouse pendant vingt ans. J'espère avoir celui d'être désormais un ami proche.

Permets-moi de terminer par une citation d'une grande philosophe nommée Cyndi Lauper.

« Si tu es perdue, regarde autour de toi et tu me trouveras
Jour après jour
Si tu tombes, je te rattraperai et je t'attendrai
Jour après jour. »


Je t'aime de tout mon cœur,


Michael