dimanche 23 juillet 2017

Fastoche...



C’est facile de pousser l’inconvenance jusqu’à allonger ses prothèses mammaires devant la statue de bronze d'un héros moderne, chez d’autres, dont on ignore tout. Réaliser une statue de bronze grandeur nature est difficile. Se comporter dans sa vie ordinaire héroïquement est difficile.
C’est facile de ne rien vouloir comprendre, de ne pas chercher d’où ça vient, où ça va, de seulement s’opposer. Il est long et difficile de se cultiver. 
C’est facile et tout bénéfice en terme d’image, de se mettre du côté confortable du défenseur aveugle des animaux. Il est difficile de comprendre que son action est idiote, vu qu’il n'existe pas d’éleveur de race brave qui ne cherche pas à vendre en corrida s’obligeant à élever dix fois plus de bêtes dangereuses pérennisant ainsi la race.   
Poser bêtement est facile, photographier quelque chose qui ait une âme est plus difficile, faire le buzz par des moyens vulgaires est facile, être reconnu pour son talent est difficile, attirer le regard de tous les hommes par un décolleté boosté est facile, être sexy avec un 85 A et vivre en harmonie avec un seul est difficile; ne pas écouter les autres, avoir le sentiment de n’avoir rien à apprendre d’eux est facile, s’ouvrir, écouter, s’initier, est difficile. 
Devenir célèbre en jouant les pétasses blondes courant sur la plage est facile, devenir Meryl Streep est difficile. 


Se rendre compte qu’en remplaçant le mot « facile » par le mot « con » le sens de ces phrases est tout à fait conservé voire accru, n’est par contre, pas très difficile.

PS : merci pour cette photo - je t'ai reconnu - tu l'as faite avant moi. ça pourrait devenir un "pamela- challenge"...

mercredi 19 juillet 2017

Compte-Rendu ( cf. verbe vomir...)


La toro donne à chacun sa place. Cet aphorisme bien connu dans le monde du toreo, se vérifie jusque dans la chronique taurine. Avec moins de mérite pour ceux qui réussissent, certes, vu l’absence de risque physique, mais par rebond logique, pour ceux qui échouent, avec moins de circonstances atténuantes aussi.

Parfois, on lit des textes qui confinent au sublime par les contresens tauromachiques qu’ils recèlent. On voit évoluer au fil des lignes, un autre monde, assez merveilleux, où la moindre notion de base qui permettrait d’éviter le ridicule, n’est pas acquise. Le plus ‘’merveilleux’’ est qu’il semble qu’il y ait un public pour ça. Après tout pourquoi pas… Mon père, par exemple, voyait une corrida par an, y allait comme à la fête et revenait toujours enchanté avec moults anecdotes à raconter… C’était pour lui un spectacle extraordinaire et qui devait le rester, aussi au sens propre. C’était assez énigmatique pour moi, qu’il s’y régale et n’ait jamais l’idée d’aller en voir une deuxième quelque part… je crois que cela ne faisait que participer  à une immersion dans ce que sa ville, qu’il aimait tant, avait de spécifique. Il avait même un jour mené le combat face à un de ses clients du centre de la France – chez qui il proposait les pantalons  ‘’Le Toro’’ il n’y a pas de hasard, un vêtement où ranger son courage donc – qui s’était plaint de la sauvagerie du spectacle. Manque de bol, le type poursuivait à courre des cervidés inoffensifs et en avait pris pour son grade.

Mon père, pour qui la corrida était donc une espagnolerie festive et dépaysante, aurait certainement adoré lire la fantaisie poétique d’un Zocato et rien compris à la rigueur savante d’un Pierre Dupuy… Certains préfèrent une aficion enluminée et d’autres, cherchent à savoir ce qui, sobrement, est. Certains se contentent d’aimer, ce n’est pas une critique, et d’autres, aiment et connaissent. Mais, Zocato qui pour ‘’bordeaux et or’’ préfère ‘’Robe de Château Margaux au levant et louis d’or poli’’ (non, il ferait mieux…) n’est dupe de rien, il connaît la chose, ce n’est qu’un choix de style. Toutes les personnes crédibles s’accordent sur un minimum de principes de base : le toro est le centre de la chose ! C’est par rapport à lui que s’étalonne la valeur d’une faena… une grande faena, un grand triomphe, nécessite d’abord un grand toro, c’est imparable.
Or, certains organisateurs de spectacles, plutôt que d’essayer de convaincre les meilleurs toreros d’affronter ceux-là dans leurs arènes en cultivant la crédibilité de celles-ci, ont entretenu l’illusion que le point noir à quatre pattes, en bas, sur le sable, n’était qu’un vague référent de la race, qui devait surtout ‘’permettre’’, permettre par sa docilité, permettre par sa mobilité, permettre par son medio format standardisé, permettre en un mot, à la suavité de s’exprimer, ce qui rend faussement accessible au plus grand nombre, cette impression de réussite acclamée bêtement à chaque fois que ‘’tout va bien’’ ce qui est juste le contraire d’un combat, ce que même vous, là-bas, au fond, vous admettrez, si, si, en saupoudrant d’un peu d’honnêteté votre mauvaise foi.

Si bien que pour ce nouveau public, des gens comme mon père, maintenant majoritaires à Nîmes, par exemple, a du fleurir tout un aréopage de divers ‘’comiques’’ du compte rendu et de la photographie pour dialoguer avec eux… dont l’accréditation en callejon a représenté un Graal de notoriété et de crédibilité qu’ils arborent fièrement, snobant tout triste ayatollah pas doté de la pensée conforme à l’air du temps. Amis vieux cons grincheux, on parle de nous… ce n’est pas une question d’âge parce que l’on connaît heureusement des ‘’vieux cons’’ de vingt et trente ans qui connaissent les toros, même si cela se raréfie et qu’ils ne peuvent avoir la puissance de l’expérience de plusieurs décennies d’observations.

On en vient donc parfois à lire des affirmations quasi extra-terrestres, comme celle qui expliquait que le toro ne sent strictement rien, ne souffre jamais, etc… Ben tiens, pourquoi faut-il alors la pique pour déterminer sa bravoure, mmm ? Pour que le gros monsieur sur le cheval exerce ses penchants sadiques ?

Mais je crois que la perf ultime, la panacée de l’ânerie, la perle rare de la bourde cornue, l’Himalaya du contresens tauromachique total, a été récemment atteint par celle qui fit parler le toro qui précipita le départ de Fandiño, en le faisant s’excuser abondamment… oui messieurs-dames vous avez bien lu, on a donné dans le :

« Pardon…, je ne voulais pas…, pardon, je m’excuse… » enfin, vous imaginez la beresina du raisonnement tauromachique et l’anthropomorphisme bon marché de mamie à caniche… Rhôo ben dis donc vilain torito, c’est quoi ça, de se servir de tes cornes… ? Mais ça va pas ??? Non mais…si c’est pas du gros vilain ça ! Ta maman te l’a pas dit, c’est pas poli… en plus devant tout le monde… c'est comme faire caca, faut pas...
Je suis sûr que chez elle il y a des peluches sur le lit, des fleurs artificielles ou séchées et des bibelots kitch un peu partout… sans oublier le tableau taurin décoratif (on ne citera pas d’artiste…) peut-être même qu'elle a un sac à main en capote de torero... et des boucles d'oreilles en vierge du Rocio... ça fait pro... Quoi je suis vilain ? Ben peut-être, mais après tout, on n’a pas demandé à ce qu’on nous inflige de telles inepties… On est tombé dessus par inadvertance, c’est tout. Après on y retourne pour voir si d’autres gags se profilent…

Voilà ce qui arrive quand on bouge les lignes de la philosophie du combat : on n’en connait bientôt plus que ‘’l’ambiance’’, ‘’la musique’’, ‘’les couleurs’’, ‘’les étoffes’’, on a conservé le folklore et perdu l‘essence pourtant hautement inflammable.

En outre, on remarque que la tauromachie n’est même pas perçue par son ADN, ce formidable carrefour de communication qu’elle offre, car si vous osez expliquer que votre avis diffère, alors qu’elle publie, donc s’expose à tout commentaire, vous devenez instantanément un fielleux perfide vomisseur de bile anti-Casassien ! Dont vous êtes jaloux, bien sûr. Ou tu acquiesces, lecteur, ou tu dégages ! Avec  l’immédiate sanction d’être illico rayé du mur facebookien de la plumitive… Oh nooon, trop puni… Ou tu m’admires, ou tu dégages… Merveilleux exemple de démocratie participative, de tolérance et d’ouverture d’esprit, d’intelligence, quoi d’autre, non, c’est bon, ça suffit… Or, s’il y en a un, avec son pouvoir d’énervement si particulier, qui est à jeun d’avoir censuré ses nombreux détracteurs, c’est bien mézigue.

Moi je dis, lecteur, l’a-culturation, ça fout la trouille ! Maintenant, quand tu lis un truc sur les toros, tu ne sais plus si tu dois te frapper le front en secouant la tête ou te tenir les côtes….